dimanche 8 novembre 2009

Les persécutions religieuses dans les pays d'Ariège aux 17ème et 18ème siècles


Les persécutions religieuses dans les pays d'Ariège aux 17ème et 18ème siècles

Michel Bégon juin 1994

Un précédent article sur les guerres de religion dans les pays d’Ariège au 16ème siècle voulait montrer combien les conceptions des historiens contemporains sur la Réforme peuvent rendre compte avec logique des schismes et des combats qui meurtrirent les comtés de Foix et de Couserans ainsi que le diocèse de Mirepoix, entre 1559, époque à laquelle les réformés se trouvaient déjà majoritaires à Pamiers, et 1598, date de l’Edit de Nantes.

Ces conceptions nuancent ou infléchissent les précédentes suppositions, identifiant le protestantisme à la bourgeoisie (Karl Marx) ou au capitalisme (Max Weber), puisqu’aussi bien la bourgeoisie des grandes cités,Toulouse ou Bordeaux, ne céda guère à la Réforme et que même les premières grandes banques capitalistes, la Caisse de Saint Georges à Gênes ou les Monts-de-Piété dans toute l’Europe, furent strictement catholiques. Elles mettent plutôt l’accent sur la différence, qui n’échappa pas aux contemporains, entre les professions mercenaires et mobiles, dont l’exercice se faisait à base de livres, de monnaie ou de comptes, et les sédentaires cantonnés dans leur communauté locale, seigneurie, village, paroisse ou quartier, pour lesquels les actes économiques se faisaient localement à vue et en nature. On oserait presque dire qu’au 16ème siècle le protestantisme s’opposait au catholicisme comme une religion des Ecritures, tant sacrées que comptables, à une foi oculaire et auriculaire, révérant les apparitions, les monstrances de reliques, les édifices sculptés, les images saintes ainsi que les chants liturgiques. Sur l’autel d’un Temple, la Bible seule remplace le crucifix et le tabernacle. Ce qui n’était pas une innovation, au demeurant, puisqu’au 1er siècle déjà les Juifs zélateurs du Talmud s’opposaient aux idolâtres, et qu’au 7ème siècle ensuite, l’Islam des marchands nomades, vénérant le Livre du Prophète, contestait les Byzantins, formés en communautés iconodoules, adorant les icônes. La psychanalyse n’y verrait-elle pas la dualité lacanienne du symbolique et de l’imaginaire?

Pour recourir aux catégories des juristes, on soupçonnerait en tout cas le clivage entre, d’une part, la propriété mobilière des titres monétaires ou comptables, ainsi que des crédits bancaires ou commerciaux, d’autre part, la propriété immobilière sur les biens fonds, le cheptel ou les habitations. Sous cet éclairage juridique, on verrait que la Réforme accompagnait le surgissement de l’économie de marché ainsi que l’essor de nouveaux groupes sociaux, astreints à la mobilité géographique, à l’alphabétisation des échanges et à la monétarisation des transactions: marchands et artisans surtout, outre nombre d’aristocrates, et même les “gens mecchaniques”, alias les ouvriers d’industrie, migrants et payés en numéraire (au contraire des ouvriers agricoles, rémunérés en nature); mais que l’Eglise de la Contre-Réforme continua jusqu’au 19ème siècle de privilégier la propriété immobilière du clergé ainsi que la rente foncière de la dîme et des loyers, ces piliers de l’Ancien Régime.

Que d’ailleurs les Calvinistes se soient idéalement identifiés à Israël, le “peuple élu”, certes, mais aussi le “peuple errant”, et les papistes à la Terre Sainte, terme des croisades et des pèlerinages, n’est-ce pas l’indice même d’un clivage spirituel entre la propriété mobilière et la propriété immobilière ?

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Or, l’économie de marché s’est développée aux 15ème et 16ème siècles, non pas dans les régions d’agriculture riche et de grosse rente foncière, mais plutôt dans les zones géographiquement déshéritées, de là venant que les protestants passèrent souvent pour des “gueux” ou de la “canaille”.

En effet, les bourgs et les villages des plaines limoneuses pouvaient prospérer en quasi-autarcie de la céréaliculture ou de l’embouche des bestiaux, quand bien même les couvents et les cures y prélevaient leur part; cependant que les pauvres hameaux des marais ou des montagnes devaient expatrier leur jeunesse et exporter leurs productions artisanales pour survivre chichement, en ne voyant plus dans les monastères que des goinfres paresseux. L’industrie drapante des cités flamandes naquit parmi les marécages d’une région côtière et mal drainée, avant qu’ils ne fussent asséchés et convertis en polders. De même, la proto-industrialisation toucha d’autant mieux et plus tôt les reliefs qu’ils disposaient d’un excédent de main d’oeuvre, réduite au chômage par les longs hivernages, d’une abondance de cours d’eau, pour mouvoir les martinets des forges ou nettoyer les peaux des tanneries, enfin et surtout des matières premières les plus utiles, à savoir le bois et le charbon de bois, les gisements minéraux affleurants, les peaux et la corne du bétail élevé sur les estives, voire les plantes tinctoriales qui vivent mieux sur les collines...

C’est selon ce clivage écologique que le Sud-Ouest du royaume s’est, au 16ème siècle, divisé. Les plaines de Toulouse et Bordeaux sont demeurées fidèles à Rome et à la monarchie parisienne, cependant que la périphérie montagnarde de l’Albigeois à la Montagne Noire et du comté de Foix au gave de Pau, embrassait la Réforme et formait une sorte de république calviniste. Or, la même répartition se répétait dans le détail et à plus petite échelle au sein des pays d’Ariège, puisqu’à la fin du 16ème siècle le comté de Foix et surtout Pamiers, contrées accidentées et déjà industrielles pour l’époque, étaient passés en majorité au protestantisme, mais qu’à l’inverse le comté de Couserans ainsi que l’évêché de Mirepoix, riches pénéplaines et demeurées plus rurales, restaient à l’Eglise. Dans un détail plus fin encore et à très courte échelle, les chaînons calcaires les plus denses du Plantaurel, formant le canton du mas d’Azil, ne laissaient guère de place à l’agriculture ni guère de chance à Rome, alors que la proche et grasse déchirure du Sérou demeurait rurale et papiste. En 1633, on comptait seulement 40 catholiques à Sabarat, 15 aux Bordes, 3 ou 4 à Saint Felix des Salenques et un seul au Mas d’Azil ;mais l’Eglise réunissait la quasi-unanimité à la Bastide de Sérou.

Notons au passage que cette réitération d’une même structure à plusieurs niveaux d’échelle géographique s’explique désormais fort bien mathématiquement par la géométrie fractale, sous le nom de self-similarité ou d’homothétie interne, cette structure se répliquant identiquement à l’intérieur d’elle -même selon une fonction à exposant non entier ou réel.

Ceci posé, le problème est de savoir pourquoi la Réforme s’est figée à partir de1600, puis a décliné en Ariège comme en France, alors que dans l'Europe et l’Amérique du Nord le protestantisme présidait à l’essor de l’économie de marché et du capitalisme anglo-saxon. Atteignant, au début du 17ème siècle, 15% de la population du royaume et, vraisemblablement, la majorité dans les limites de l’actuel département de l’Ariège, les effectifs de la Réforme sont retombés à 1% et 5% respectivement au moment de la Révolution.

On peut arguer de la stabilisation et du recul démographiques du 17ème siècle, si peu propices à la production marchande. On doit aussi se demander si l’Edit de Nantes n’en fut pas déjà la cause, attendu qu’il départageait strictement les places fortes et les lieux des cultes des deux partis, en cantonnant définitivement la Réforme dans les montagnes (à l’exception de la Rochelle), alors que l’industrialisation allait conquérir les grosses villes et les façades maritimes après 1650.

On peut même se demander si la stratégie catholique ne fut pas de trancher les liens entre le protestantisme et le marché, pour affaiblir l’un comme l’autre. Dès le 16ème siècle, les milieux d’affaires de Lyon, persécutés comme huguenots, se transportèrent à Genève, dont ils firent la fortune, mais hors des frontières du royaume. A l’échelle plus modeste du comté de Foix, on a l’impression que l’objectif primordial fut d’enlever aux réformés la ville de Pamiers, cité d’industrie textile et port d’exportation, notamment des vins, par l’Ariège et vers Bordeaux.

Déjà l’Edit de Nantes attribuait aux protestants plusieurs places de sûreté sur les buttes morainiques de l’Ariège: Foix, Montgaillard et Tarascon, ou parmi les collines du piémont: Varilhes, Montaut et Saverdun, mais en excluait Pamiers, la capitale économique.

Puis, au long du 17ème siècle, la répression prit pour stratégie d’obliger prioritairement les grands seigneurs et les grandes fortunes à se convertir ou à s’exiler, de sorte à décapiter l’hérésie en la privant de ses élites. Si l’exode vers les pays du Refuge ne toucha que 15% des huguenots français et à peine 4% des protestants ariégeois, il était le fait de ceux qui avaient assez de capital pour s’offrir l’investissement d’une telle émigration. Deux épisodes témoignent de la stratégie, de son opiniâtreté et de son efficacité.

En 1619, les guerres de religion reprirent, lorsque Louis XIII voulut abroger les privilèges de la Réforme en Béarn et y restituer à l’Eglise les biens fonciers que les Albret lui confisquèrent. Le baron de Léran anima le soulèvement du pays de Foix, en particulier de Mazères et Pamiers. Dès 1619, le parti catholique s’emparait de Varilhes avec 600 tués. Puis en mars 1628, le prince de Condé, à la tête de l’armée royale et avec l’aide des paysans, prenait Pamiers à l’issue d’un siège de 5 jours. L’anéantissement du parti protestant fut aussi bien physique qu’économique ou moral. Les 200 principaux chefs huguenots furent pendus ou envoyés aux galères; les habitants eurent la vie sauve, mais leurs biens étaient mis à la disposition du prince de Condé; les ordres religieux se voyaient restituer, soixante-dix ans après, leurs propriétés immobilières et leurs droits de rente; le château de Pamiers, qu’on appelle le Castella, était détruit, le temple protestant était cédé à l’évêque de Pamiers, en attendant la reconstruction de la cathédrale.

Les pressions contre les notables huguenots se renforcèrent peu à peu jusqu’à l’abrogation de l’Edit de Nantes, en 1685. Les historiens en imputent la responsabilité au parti dévot ainsi qu’aux “nouveaux convertis”, ceux-ci parfois d’autant plus zélés à réprimer leurs anciens coreligionnaires qu’ils avaient à se faire pardonner par la Cour leur prime allégeance à la RPR (religion prétendue réformée). On cite souvent Françoise d’Aubigné, petite-fille du poète des Tragiques, devenue Mme de Maintenon et reine morganatique. Pour l’Ariège, il faudrait nommer Salomon d’Usson, né du Mas d’Azil, fait après sa conversion marquis de Bonnac-Bonrepaux, conseiller d’Etat, intendant de la marine, ambassadeur etc.

Il faut admettre aussi le rôle moteur du “lobby des évêques” (Leroy-Ladurie), impatients de recouvrer leur toute-puissance dans les pays anciennement réformés. Qu’on en juge par cette lettre que Mgr Pierre de la Broue, évêque de Mirepoix, expédia le 22 août 1685 à Louvois :

“Le zèle que je sais que vous avez pour la religion, Monsieur, me fait prendre la liberté de vous proposer un moyen de convertir Monsieur le vicomte de Léran qui est comme vous savez de la maison de Mirepoix et le seul seigneur huguenot de tout ce pays-ci. Je croy que si le Roy lui faisait l’honneur de lui écrire une lettre meslée d’honnesteté et de menaces et que Monsieur l’Intendant et moy nous ménageassions l’effet de cette lettre, nous pourrions le convertir. Cependant, ce serait là un des plus grands coups que nous puissions frapper, car il est certain que son nom seul retient, outre tous ses vassaux qui sont en assez grand nombre, la plupart des huguenots de mon diocèse et de tout le pays de Foix”.

Ainsi coupés par la force des courants ascendants qui portaient l’ancien et le nouveau monde vers l’économie de marché, les protestants des montagnes perdirent peu à peu leur originelle mobilité et s’immobilisèrent même dans les privilèges traditionnels. Les huguenots d’Ariège ne consacrent-ils pas aujourd’hui la majorité de leurs enfants à la fonction publique, tout comme les catholiques et les laïcs du département ? C’est pourquoi les porte-parole des libertés économiques ne furent pas, en France, les calvinistes, mais les Encyclopédistes, tels Quesnay ou Turgot, et pourquoi aussi bien l’idéologie libérale s’y colora de voltairianisme et d’anticléricalisme, comme elle l’est restée jusqu’à nos jours.

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Renfermés donc dans leurs montagnes, les huguenots y prirent jusqu’à nos jours une mentalité défensive, qui s’illustra surtout par les Cévennes et la guerre des Camisards, mais dont la longue résistance du mas d’Azil est un autre cas exemplaire. La glorification de cette résistance par de nombreux ouvrages depuis un siècle nous permet de bien la connaître.

L’exercice du culte réformé est attesté, dès 1562, au Mas d’Azil et au Carla. Dès 1566, les Aziliens s’opposaient à la collecte des bénéfices pour le clergé. Une attestation consulaire de 1599 constatait que les bâtiments de l’abbaye bénédictine du Mas avaient été rasés et ses temporels vendus. Aussi bien la population du canton était-elle presque unanimement passée au calvinisme. Mais, en 1625, l’armée royale du Maréchal de Thémines prit et rasa le château de Camarade, avant de mettre le siège autour du Mas d’Azil, dont les Albret avaient fait une ville forte, en munissant même la grotte de murailles et de portes de fer. Or, tous les sièges du Mas ont successivement échoué devant la résistance de la population, et celui de 1625 comme les précédents. Quelques renforts vinrent des Cévennes et 300 hommes descendirent par des cordes du plateau surplombant la grotte dans le réduit fortifié. Le bombardement de la ville au canon depuis les hauteurs se révéla vain, et la levée du siège fut vraisemblablement l’ultime victoire militaire des huguenots pour tout le royaume. Le capitaine des assiégés était le maréchal d’Amboix de Larbont, dont les descendants demeurent à ce jour les principaux notables de la communauté protestante du Mas. Aujourd’hui encore, quelques privilégiés conservent un boulet de pierre, tiré des canons royaux, en signe d’honneur et de fidélité. Cependant la Paix d’Alès imposa en 1628 le démantèlement des murailles et le Cardinal de Richelieu fit sauter les installations internes à la grotte.

Il s’ensuivit, là peut-être plus qu’ailleurs, la longue épreuve des persécutions. Une interminable guérilla opposa les gentilshommes verriers de Gabre aux gentilshommes paysans du Sérou, sur la ligne de crête séparant la montagne forestière de la dépression fertile. Et du côté des Gabrais, on se raconte encore les exploits à l’épée d’un Sire de Robert , dit “Gros Garrils”. Plus déterminantes pour l’essor de la pensée, les menaces de mort contre le fils “hérétique et relaps” du pasteur du Carla contraignirent Pierre Bayle à s’enfuir à Rotterdam et à y écrire son Dictionnaire historique et critique, qui en fait le premier des “philosophes “de la tolérance et le précurseur de l’Encyclopédie. Sa maison natale au Carla-Bayle est désormais transformée en musée du souvenir.

A la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, Mgr Bertier, évêque de Rieux, présida au Mas d’Azil une cérémonie d’abjuration collective, sous la halle cernée par les dragons du roi. Alors que les réformés lisaient depuis le 16ème siècle la Bible traduite par Calvin et s’exprimaient entre eux en langue d’oil, les formulaires d’abjuration qu’on leur imposait de signer étaient en langue d’oc:
“Joun N... d’un cor contrit et humiliat reconesqui et confessi devant la Très Sancto Trinitat et touto la cour celesto, et vous autrès quetz aïsi temoings, d’avé grandement peccat en creusen atz hérétiquos et a lours differentos heresias, principalment a las de Calvin et Luter...”

Par peur, il se fit nombre de conversions, dont beaucoup d’insincères. Les temples furent détruits, on rétablit l’abbaye du Mas d’Azil avec quelques moines, qui logèrent chez l’habitant, la piété et les fonds manquant pour rebâtir les bâtiments conventuels; l’église actuelle fut érigée avec un bulbe sur le modèle allemand. Puis la résistance devint clandestine.

Les principaux lignages nobles s’étant ralliées au roi, il revint aux trois familles de gentilshommes verriers de Gabre, Mane ou Pointis: les de Robert, de Verbizier et de Grenier, d’encadrer le peuple huguenot. Quarante-six de leurs membres furent condamnés aux galères où la plupart périrent. Trois frères de Grenier furent décapités pour avoir résisté, l’épée au poing, aux gens du roi. L’association “la Réveillée” a été créée en 1975 au Mas d’Azil par les descendants de ces gentilshommes verriers pour perpétuer le souvenir des martyrs.

En 1697, Gardel, menuisier et prédicant au Mas, anima les assemblées du désert de Camarade, Sabarat et Gabre. Ces cultes clandestins avaient souvent lieu dans les entrepôts des gentilshommes verriers, entre les étagères supportant les milliers de flacons, de verre, de coupes ou de porons prêts pour la vente. L’un d’eux, qui se tenait le 31 août 1697 à la verrerie de la Bade, près de Gabre, fut surpris et, des 200 personnes qui y assistaient, bon nombre furent condamnées aux galères à vie. Les bâtiments de la fabrique furent si minutieusement rasés que, trois siècles après, nul n’a pu encore en retrouver l’emplacement.

En 1735, Monsieur de Jaillaiz mandait de Perpignan que les assemblées se reproduisent à Gabre, notamment dans les bois de la Coudère, qu’ “on ne doit rien négliger pour dissiper cette canaille” et que “l’insolence avec laquelle on a été à ces assemblées (lui) paraît une marque que ces gens-là lèvent le masque”. En conséquence, 4 compagnies de grenadiers furent logées et nourries aux frais des religionnaires, au Mas d’Azil, aux Bordes et à Gabre. En 1759, pour punition de nouvelles “assemblées de religionnaires”, de lourdes amendes furent infligées aux “nouveaux convertis” de Mazères, de Saverdun, du Carla, du Mas d’Azil, des Bordes, de Camarade et Campagne. Les historiens appellent ces vexations les “dragonnades”.

Ici l’expression trompeuse de “nouveaux convertis” vient de l’obligation imposée aux hérétiques, mais souvent éludée, de faire enregistrer leurs baptêmes , mariages et décès par le curé sur le registre de la paroisse , ce qui les catholicisait de force. Il fallut l’Edit de Tolérance en 1787 pour autoriser les pasteurs à tenir leur propre registre paroissial, avant que la Révolution ne laïcisa tout l’état civil.

Les temples protestants du Mas d’Azil, de Camarade, de Sabarat, des Bordes, du Carla-Bayle et aussi bien de Saverdun ou Clermont, ne seront reconstruits qu’après 1820, sous la Restauration.

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Aujourd’hui, les quelques noyaux protestants qui survivent autour de leurs temples à demi-vides n’ont plus grand chose à voir avec le dynamisme de l’économie de marché. Fonctionnaires, propriétaires fonciers ou retraités, ils ne se distinguent plus guère des autres Ariégeois. Néanmoins la tradition héroïque du 16ème siècle survit au pays de Foix. Pour les uns, la vénération du roi huguenot qui annexa la France aux Pyrénées ne s’est pas démentie. Le musée de Foix ne vient-il pas d’accueillir le lit à baldaquin du château de Pailhès, où le Béarnais aurait dormi ? Chez d’autres, la méfiance se perpétue envers toute autorité catholique et royale. Force est d’observer que la ruine du parti protestant ne s’est pas faite au profit d’un catholicisme revigoré, puisque celui-ci est resté marginal comme auparavant, mais du radicalisme et du socialisme laïcs.

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